Sécurité à l'école : "Il y a eu un défaut de vigilance et surtout une mauvaise analyse de certains de ces défis", estime Gilles Kepel

Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe et auteur du livre "Holocaustes" sur le choc du 7 octobre, était l'invité du "8h30 franceinfo", samedi 30 mars 2024.
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Gilles Kepel invité du 8.30 du 30/03/24 (franceinfo)

Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe et auteur de Holocaustes : Israël, Gaza et la guerre contre l'Occidentétait l'invité du "8h30 franceinfo", samedi 30 mars 2024. Il répondait aux questions d'Agathe Lambret et de Jean-Rémi Baudot.

"Il y a eu un défaut de vigilance et surtout une mauvaise analyse de certains de ces défis", estime, samedi sur franceinfo, Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe, au sujet de la sécurité dans les établissements scolaires. Depuis plusieurs jours, les collèges et les lycées subissent une vague de menaces d'attentats via les espaces numériques de travail (ENT). Le proviseur du lycée parisien Maurice Ravel a quitté son poste après plusieurs semaines de menaces sur les réseaux sociaux pour avoir demandé à une élève d'enlever son voile. "L'Education nationale est une membrane extrêmement sensible pour tout ça", affirme le spécialiste.

Pour Gilles Kepel, ces situations résultent d'un "jihadisme d'atmosphère" et "de cette atmosphère, naissent les passages à l'acte". "Vous n'avez plus tant des organisations structurées que toutes sortes de choses qui se passent sur le web", affirme le spécialiste. Ce type de contenu qui circule sur les réseaux sociaux "ne reconnaît pas les lois de la République", mais "seulement les lois de la charia" telles que leurs auteurs les "fantasment".

Ce phénomène a été "aggravé par ce qui s'est passé en Israël et en Palestine tout récemment" et "cette volonté de redéfinir les fondements moraux du monde d'aujourd'hui", affirme l'auteur qui vient de publier Holocaustes. Israël, Gaza et les guerres contre l'Occident (éditions Plon). "Ce qu'il faut, c'est désigner le Nord comme le symbole de l'horreur et considérer que la colonisation a été bien pire que l'extermination des juifs par les nazis", relève-t-il. "Toutes ces choses là qui passent par petits morceaux vont ensuite se diffuser, s'éparpiller, par bribes à travers ce jihadisme d'atmosphère qu'on retrouve dans les imbécillités que tel ou tel collégien va adresser à ses collègues", poursuit-il.

"Cette affaire-là n'a pas été très bien gérée au sommet", soutient Gilles Kepel. "Autant l'Education nationale est à la traîne de ce point de vue là, autant le renseignement français, parce qu'il y a eu les attaques de Daech sur le territoire français, est tout à fait au niveau", "l'expérience acquise par le renseignement durant ces dernières années l'a mis tout à fait niveau", reconnaît-il.

Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du samedi 30 mars 2024 :

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